mardi 29 octobre 2013

L’expérience algéroise du Stalinisme

Ci-dessous, la première page du premier chapitre du livre Camus et le terrorisme.

« Il nous est impossible de nous séparer des désordres du monde. Il nous faut donc de la sainte patience pour vivre au milieu des méchants »  Saint Augustin


          Camus avait une expérience intime du stalinisme. Lorsqu’il parla plus tard de l’Europe orientale asservie ou encore de la démocratie bafouée sous la férule soviétique, ce n’était pas de l’intellectualisme. Il avait expérimenté, de première main, le cynisme, sûr de lui et implacable, du système communiste.
          Selon les biographes, l’Algérois Albert Camus adhéra au parti communiste local au milieu des années 30. Jean Grenier, son maître et ami, l’y aurait poussé [1]. La démarche du jeune homme comportait certes une part d’idéalisme. Elle n’était pas entièrement dépourvue de lucidité cependant. En effet, sa décision d’entrer au parti ne s’accompagnait pas du suivisme affligeant que certains se croient tenus d’afficher en la circonstance. Il envisageait même, sans enthousiasme, quelques conséquences pouvant découler de sa décision. « Pour un idéal de justice », questionnait-il ainsi, « fallait-il souscrire à des sottises ? » Une lettre qu’il adressa à son ami Claude de Fréminville (plus tard Claude Terrien à la radio), paraissait répondre à sa propre interrogation : « Les obstacles que j’oppose au communisme, il vaut mieux les vivre ». Nous verrons qu’en la matière, il fut servi.
Camus adhéra au parti communiste à l’automne de 1935. Il en fut exclu deux années plus tard à l’automne de 1937 (d’autres disent au début de 1938 ; les témoignages divergent).







[1] Il y a d’ailleurs là matière à réflexion, car, Jean Grenier était fort peu porté au marxisme. En tant qu’auteur d’un essai sur L’Esprit d’orthodoxie, il pouvait même en être rangé parmi les adversaires. A la page 89 de sa biographie, O. Todd estime que Grenier voulait vivre une expérience révolutionnaire « par procuration ».

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